"Pilates Reformer" : dépoussiérer la méthode Pilates… ou la dénaturer ?

Peut être avez vous connu la folie du PowerPlate? Sans doute avez vous vu passer la mode de l’Aquabike? Vous avez probablement essayé une séance d’electro stimulation?

Aujourd'hui, c'est c’est le Pilates Reformer qui a le vent en poupe. Pour certain-es, il représenterait une nouvelle discipline, presque une révolution.

Mais le Reformer est un appareil de la méthode Pilates, inventée il y a plus d’un siècle par Joseph Pilates, parmi d’autres : la Cadillac, la Wunda Chair, les Barrels…).

La méthode Pilates, un héritage précis

Joseph Pilates a conçu sa méthode comme un travail global du corps et de l’esprit : respiration, précision, fluidité, contrôle et travail du centre. Pendant la Première Guerre mondiale, il aurait commencé à utiliser les ressorts des sommiers pour assister les blessés immobilisés — principe qu’il développera ensuite dans ses appareils.

🔎 Note de prudence historique : ce récit, bien que largement rapporté, repose en partie sur des témoignages et des biographies secondaires. Les preuves directes sont limitées. Ce qui est certain, c’est que Joseph Pilates a bien conçu ses machines autour de ressorts destinés à assister et contrôler le mouvement, et non à le transformer en simple exercice de force

Le problème n’est pas le fait que la machine est à la mode, c’est son détournement qui est inquiétant

Le Reformer est un outil précieux. Utilisé dans le respect de la méthode classique, il permet un travail profond sur la stabilité du bassin, de la colonne vertébrale, des articulations en général. Les points technique incontournables de la pratique sont la respiration et la conscience corporelle. Mais dans de nombreux endroits, le “cours de Pilates Reformer” s’apparente à une séance de fitness de 12 à 15 personnes, guidée par des instructeurs/trices formé-es au fitness plus qu’à la pédagogie Pilates.

Les ressorts sont alors employés comme une résistance de force, et non comme un outil d’assistance ou de déstabilisation contrôlée. Résultat : les bénéfices profonds de la méthode sont perdus, et les articulations peuvent être mises à rude épreuve. De plus, il est fréquent que les cours se déroulent dans la peine ombre, ou en ambiance de boite de nuit, ce qui ne permet pas aux instructeurs-trices de pouvoir bien voir les placements des gens, et de les ajuster le cas échéant.

La qualité des appareils : un enjeu majeur

À mesure que la demande explose, de nombreux studios s’équipent rapidement de Reformers. Mais l’effet de mode a aussi ses dérives : on trouve sur le marché des machines de mauvaise qualité, des ressorts qui s’usent rapidement, des revêtements glissants, des dimensions inadaptées... Ces compromis sont souvent liés à une logique de réduction des coûts et de rentabilité rapide. Le résultat est que les client-tes pratiquent sur du matériel peu fiable, loin des standards des appareils conçus par Joseph Pilates et par les fabricants historiques. Là encore, le problème n’est pas le Reformer en soi, mais la course au profit et à la réduction des coûts, qui trahit l’essence de la méthode et fragilise la sécurité des pratiquant-es.

Une escroquerie intellectuelle pour le public

Ce glissement est problématique à deux titres :

- D’une part, il entretient une confusion : le public pense pratiquer “du Pilates”, alors qu’il s’agit d’un dérivé marketing.

- D’autre part, il va à l’encontre des recommandations de nombreux professionnels de santé qui prescrivent à leur patientèle le Pilates pour sa profondeur, son respect de la respiration et son impact positif sur la posture et la mobilité. Vendu comme un entraînement de force rapide, le “Reformer” devient alors une promesse trompeuse.

Bien sûr il y a de la place pour tout et pour tout le monde. Mais l'usage détourné du reformer, en cours collectif où les gens sont trop nombreux, et hors respect des principes de la méthode de Joseph Pilates, en fait un outil de confusion, voire de risque.

Le Pilates n’est pas une tendance passagère : c’est une méthode complète, construite, exigeante, qui se pratique d'abord sur le tapis (Matwork) et dont les appareils affinent les points techniques.  C’est une véritable éducation physique, c'est un système d'entraînement.

Et c’est cette fidélité-là que nous défendons sein de SET Studio.